Le témoignage de Karl, personne transgenre non-binaire

Qui n’a jamais entendu parler du sujet de la non-binarité que ce soit dans les médias ou en société ?

Après avoir échangé avec des amis sur ce sujet lors de la préparation de cet article, nombre d’entre eux ont eu la même réaction. La plupart pensent qu’il s’agit d’un phénomène de mode, d’autres que c’est n’importe quoi et que cela n’existe pas. C’est alors que, après bien des discussions avec Karl Majani, je lui propose de s’exprimer sans filtre sur la non-binarité.

C’est sans une once d’hésitation qu’il a accepté, car après plus de deux heures d’échange, nous sommes d’accord sur un point : la non-binarité est encore méconnue et beaucoup de jeunes personnes ont du mal a exprimé leur véritable MOI.

C’est pourquoi aujourd’hui, je vous propose une interview sans faux-semblants ni bienséance. Notre objectif commun est d’aider les familles à accompagner les personnes non-binaires dans leur vie. Mais pas seulement ! Il s’agit également d’affronter une société de plus en plus fermée à la vie et à l’acceptation d’un monde nouveau.

J’entends déjà l’écho de Monsieur et Madame JESAISTOUT marmonner : dans 10 ans, on en parlera plus ! Ces jeunes, c’est vraiment n’importe quoi, ils ne savent plus quoi inventer pour se faire remarquer ! Sophie Vitali désire-t-elle faire le buzz après avoir affiché clairement dans Garçon Magazine son soutien à la communauté LGBTQIA+ ?

Rassurez-vous, il n’en est rien ! S’il est une chose que je ne peux supporter, c’est bien l’injustice et le jugement de l’autre. Dans cet article, vous découvrirez comment une personne non-binaire se révèle et quel est son parcours pour finalement… Vivre et être épanouie.

Sophie Vitali : bonjour Karl, je suis ravie que tu aies accepté de réaliser cette interview sur la non-binarité et je t’en remercie. Avant toute chose, qui est Karl ?

Karl Majani : Bonjour Sophie ! C’est un honneur pour moi que de répondre à votre demande. Je vais tenter de te répondre avec toute ma franchise.

Karl est apparu dans ma vie alors que j’avais 22 ans. L’année avait commencé et j’ai fait sa connaissance durant la période de janvier. L’élément déclencheur a été un événement dramatique : la perte de mes cheveux dans un salon de coiffure réputé de ma ville.

Bon, je plante le décor. J’ai 22 ans, je suis jeune, et la société à décidé à ma naissance que j’étais une petite-fille. Je savais que j’étais une personne non-binaire, et je ne me sentais pas à l’aise avec le prénom féminin qui m’a été assigné. Je voulais m’appeler autrement, mais je n’avais pas encore idée d’un prénom précis. À ce stade-là, j’avais un surnom diminutif de mon morinom en attendant que celui-ci se manifeste.

Je traversais une période très difficile dans ma vie. Physiquement, je m’emportais, je prenais des décisions impulsives parce que mon esprit était embrumé. Après mes examens universitaires, je souhaitais prendre un nouveau départ rempli de bonnes ondes et d’énérgies en commençant par une activité dite thérapeutique « le changement de coiffure ou de style capillaire » !

J’ai pris cette décision avec impulsivité, mais je ne voulais pas abîmer mes cheveux. J’ai donc pris rendez-vous dans un salon de coiffure ayant une très bonne réputation. Je voulais être blond platine avec des reflets légèrement bleus. Ce salon de coiffure, avant le jour J, voulait tester une de mes mèches, pour s’assurer que mes cheveux étaient assez résistants pour une décoloration.

Le test est passé avec brio, et je m’y suis donc rendu 3 jours plus tard, soit le 17 janvier 2022. Bien installé dans ce fameux salon de coiffure, on m’applique enfin la décoloration… On m’installe à proximité des machines chauffantes…

“Et le cauchemar commence. Au moment du rinçage, j’ai senti qu’il se passait quelque chose d’anormal… J’avais raison. Mes cheveux se sont cassés à mesure que l’eau coulait…”

Ce n’était plus une seule personne qui s’occupait de mon cas, mais 2 et bientôt 3 personnes en même temps ! Malgré leurs efforts pour camoufler les dégâts, mes cheveux couvrant ma poitrine n’étaient plus là ! Les coiffeurs auraient pu s’arrêter là, mais non ! Ils ont souhaité continuer et m’appliquer une patine puis une coloration, le rendu était incroyablement dégueulasse.

Ma couleur était verdâtre, voire indescriptible. Pour voir les dégâts, car cette “charmante équipe” ne voulait rien me montrer, une amie a dû réaliser des captures d’écran via FaceTime. Il va sans dire que lorsque j’ai vu les images, j’étais complètement désemparé.

La patronne à son arrivée, a aussi tenté d’améliorer ce rendu avec une coloration bordeaux. Elle prétendait que « c’était mieux pour cacher les trous ». Le personnel n’eut aucun remords et aucune excuse ne m’a été présentée. Je suis resté ainsi jusqu’à la fermeture. C’est seulement après avoir partagé ma position avec ma sœur qu’elle est venue me récupérer.

Toujours sous le choc, c’est aussi ma sœur qui va prendre contact avec un coiffeur le lendemain pour me raser complètement le crâne. C’était la meilleure décision à prendre, car je ne voulais pas conserver un souvenir de ce moment plein de déception et très traumatisant.

Le témoignage de Karl non-binaire : après cet épisode malheureux, j’ai eu rendez-vous avec ma psychiatre.

Je me sentais ridicule, je ne savais pas comment me positionner face à cela, j’étais désemparé et j’ignorais comment me sentir. Je perdais tous mes repères… C’était cauchemardesque. Je ne parvenais pas à discuter comme d’habitude, mon esprit était ailleurs et je me répétais constamment :  Qui suis-je ? et je n’arrive pas à me reconnaître.

À ce fameux rendez-vous, ma psychiatre m’a dit : “ce n’est pas parce que l’on m’a retiré ma longueur de cheveux du jour au lendemain, que l’on est parvenu à retirer mon identité pour autant. Ce sont deux choses distinctes, l’aspect physique et l’aspect psychologique.”

Je devais prendre conscience que j’étais bien plus qu’une personne avec de longs cheveux. Tout cela repose sur l’estime de soi, la confiance en soi et j’ai travaillé sur cela pour comprendre qui j’étais.

Quand j’y réfléchis bien. Je pense que je devais faire face à cette épreuve pour apprendre à me connaître.

Auparavant, je portais constamment un masque en société. J’étais malheureux, mal dans ma peau et j’ignorais qui j’étais… Je faisais diversion auprès des personnes que je rencontrais en revêtant un masque : un maquillage sophistiqué, une coiffure convenable, une tenue pas trop mal avec pour accessoire indispensable : le sourire. Cela fonctionnait parfaitement…

C’est pourquoi lorsque j’ai perdu ma longue chevelure, j’étais d’autant plus désemparé. Le moral affaiblit associé à un manque de courage ont endommagé mon précieux masque. Je devais absolument savoir qui j’étais pour aller de l’avant. Je supposais qu’effectuer des recherches sur les prénoms via Google allait me prêter main forte pour choisir, mais en fait, non.

Révélations sur la non-binarité avec Karl et son véritable MOI !

Je ne souhaitais pas insister davantage dans ma recherche de prénom, et accepter l’idée que celui-ci me parviendrait tôt ou tard.

Ce matin est finalement arrivé ! Je ne me souviens malheureusement plus de la date… Mais l’essentiel y est ! J’ai eu comme un flash, une sorte d’EUREKA, on pourrait dire ! Je me suis levé et j’ai senti qu’il s’agissait de Karl… Je me nomme Karl ! Comme n’importe quelle personne enthousiaste, j’ai pris mon téléphone et fait des recherches sur ce prénom. Outre le fait qu’il s’agit d’un prénom étymologiquement allemand, il y avait plusieurs significations dont une en particulier qui me plaisait beaucoup : Karl = homme libre.

Il y a aussi des coïncidences extraordinaires, bien que Sophie Vitali parle davantage de synchronicité. Ainsi, j’apprends donc que la couleur porte bonheur des Karl est liée à la couleur rouge. Le rouge fait partie de mes couleurs préférées ! Mes autres couleurs favorites sont le blanc et le noir. Dans cet article, on dit que le rouge est une couleur aussi fascinante qu’ambiguë.

L’une de ses significations est la passion dévorante. Mais aussi… L’amour, le courage, la sensualité et l’ardeur. J’y apprends aussi que le rouge symbolise la sexualité, la colère, le danger et l’interdiction. Bref, c’est une couleur qui tape à l’œil et ne laisse pas indifférent. (Merci à  prenoms.com)

Puis une deuxième coïncidence ! (ou pas, c’est à vous d’en juger.) C’est que nous fêtons les Karl le 4 novembre, précisément la VEILLE de mon anniversaire ! D’autre part, j’ai appris que le Scorpion est le signe astrologique qui définit au mieux le caractère du prénom Karl … Ce n’était même plus un hasard, ça devenait un signe !

J’ai adopté ce prénom et j’ai présenté Karl à mes amis. Je ne me suis jamais remis en question au sujet de mon identité de genre depuis.

En réponse à la question, qui est Karl ?

  • Karl est un peu mon sauveur, mon propre sauveur créé à partir du moi intérieur.
  • Karl est un beau gosse transgenre non-binaire de 23 ans.
  • Karl est celui qui a toujours fière allure même s’il se rase les sourcils.
  • Karl est celui qui respire la joie de vivre, la gentillesse, l’espoir, la foi et la bienveillance envers autrui.
  • Karl est celui qui a une confiance totale en lui-même et une forte estime de soi.
  • Karl est celui qui ne porte pas de masque.
  • Karl est aujourd’hui celui qui revendique son identité et s’affirme au sein de la société.
  • Karl est celui qui se bat pour la liberté des individus.
  • Karl est celui qui se sent libre, lui-même, et qui est entier.

Sophie Vitali : à quel âge et comment as-tu déterminé ta non-binarité ?

Pour tout dire… Je dirais que cela a commencé… En fin d’année 2021, début septembre – octobre. J’avais 21 ans lorsqu’un soir, j’ai pris les transports en commun pour rentrer chez moi. Après m’y être installé, j’y ai fait une rencontre banale sur le moment qui s’est avérée décisive par la suite.

En premier lieu, cette personne m’a demandé si elle pouvait s’asseoir juste à côté de moi. J’ai dit : oui ! Bien sûr. Elle s’est assise et tout de suite, nous nous sommes complimentés sur nos styles respectifs. Puis nous nous sommes présentés. Elle ne s’est pas présentée dans un premier temps, mais m’a demandé directement quels étaient mes pronoms !

En guise de rappel, il existe plusieurs pronoms personnels :

  • Il : dans le genre Masculin
  • Elle : dans le genre Féminin
  • Iel/Ellui : dans le genre Neutre (combinaison des pronoms -il et -elle), Ellui → plusieurs interprétations sont possibles :

1) considéré comme un pronom neutre.

2) Considéré comme un pronom complément lorsque nous parlons d’une personne employant le pronom – Iel au singulier (exemple : iel (il+elle) est très gentil ; Oh ! c’est ellui (lui) dont tu m’avais parlé hier soir !”

  • Iels/Elleux : dans le genre Neutre (combinaison des pronoms -ils et -elles)

Même processus pour les pronoms Iel/Ellui au pluriel. (exemple : iels (ils+elles) ont participé au concours ; C’est elleux (eux) qui ont gagné.”

  • D’autres pronoms similaires : ael ; ul ; ol ; yel ; yelle ; ælle ; ell et surement d’autres.

La non-binarité avec Karl : on ne m’avait jamais demandé quels étaient mes pronoms !  

C’est apparu comme invraisemblable ! Je me disais : j’ai réellement le droit de choisir mes pronoms…. MOI !!?! Parce que depuis mon plus jeune âge, dans mon entourage et dans ma famille, je n’avais pas mon mot à dire. L’opportunité de m’interroger sur le genre qui m’était assigné à la naissance a fait brusquement son apparition.

Cependant, je ressentais une certaine culpabilité d’avoir ce droit de choisir… de devoir écouter mes ressentis pour une fois. À ce moment-là, j’ai répondu que j’ignorais quels étaient mes pronoms. J’ai donc profité de l’occasion pour lui demander de quelle façon je pouvais savoir lesquels me correspondaient le mieux. Et bien d’autres questions !

Elle m’a dit que pour le savoir, elle avait demandé à ses amis proches de la genrée uniquement au masculin pendant un certain temps. Peu après, elle comprit que le pronom IL ne lui correspondait pas et ne lui convenait donc pas. Ensuite, elle me regarda avec un air fier et me dit : j’ai tout de suite su que j’étais plus à l’aise avec le pronom ELLE plutôt que IL ! Tu devrais essayer la technique !

Avec un air aussi ahuri qu’admiratif, je me suis dit : ok, allez let’s goo ! Je te remercie infiniment pour cette suggestion ! Puis on en a rigolé et elle est descendue à son arrêt.

Le fait que ce soit une inconnue dans les transports en commun qui m’ait permis de me remettre en question sur mon identité et mon expression de genre en 5 minutes est beau.

K.M : Afin d’être en mesure de répondre à la question de la façon dont j’ai déterminé ma non-binarité, je veux aborder le sens de celle-ci, représentée par ces 4 couleurs :

  • Jaune : représentation des personnes ne se reconnaissant pas dans la binarité homme – femme.
  • Blanc : représentation des personnes qui s’identifient à plusieurs genres.
  • Violet : représentation des personnes se voyant entre le spectre féminin et masculin.
  • Noir : marque la neutralité.
Le drapeau non-binaire

Ensuite, j’aimerais vous parler des différents types de profils des personnes transgenres non-binaires. Pour ce faire, j’ai réalisé un schéma composé de 3 types de profils. Les 3 profils sont aussi importants les uns que les autres et aucun n’est supérieur aux autres. Non seulement, on comprend plus aisément les multiples possibilités de profil sous ce schéma.

Mais aussi, c’est ce qui permet de ne pas oublier que ce sont ces 3 profils qui constituent l’aspect de la non-binarité. Tout d’abord, je tiens à avertir sur le fait que je ne souhaite pas offenser qui que ce soit dans cette perception, c’est une perspective propre à chacun. Si ce n’est pas très représentatif ou si j’oublie quelques détails et quelques notions, je vous présente mes excuses les plus sincères.

1er type de profil : les personnes non-binaires qui ne ressentent pas le besoin de réaliser une transition quelconque. Seuls les pronoms peuvent changer et être variés.

Ce sont des personnes qui se sentent à l’aise avec le prénom qui leur est assigné à la naissance et qui ne ressentent pas de besoins spécifiques à assouvir. On parle ici de besoins pouvant impliquer de commencer une transition par des interventions chirurgicales ou en commençant un traitement hormonal, par exemple.

2ème type de profil : les personnes non-binaires qui expriment le besoin de changer de prénom, car iels estiment que le prénom assigné à la naissance ne leur correspond pas… 

En outre, certains souhaitent changer leur prénom parce qu’iels se sentent pris au piège de l’ancienne identité attribuée à leur naissance, et pour des raisons diverses. Les pronoms peuvent être modifiés et variés. Ainsi, ces personnes non-binaires se sentent plus à l’aise avec une représentation neutre d’elleux-même et une apparence androgyne peut être convoitée.

Une dysphorie de genre (sentiment de détresse et de souffrance ressentie par une personne transgenre liée à une partie du corps, ou à son intégralité) peut faire son apparition. Parce que celui-ci n’est pas en équation avec le genre à laquelle la personne se définit. Pour traiter la dysphorie de genre, iels vont réaliser une réduction mammaire, soit avec la pratique de sport quotidien, ou par des accessoires → le binder et le tape.

Ces accessoires aplatiront au maximum la poitrine grâce à la compression. Soulignons que ce désir de changement physique peut se concrétiser au fil des ans, mais qu’il peut attendre. En effet, cette transformation ne semble pas être une urgence absolue pour parvenir à un équilibre mental.

3 eme type de profil : les personnes non-binaires qui ressentent et expriment le besoin de changer de prénom, de pronom, et d’entamer une transition par voie chirurgicale ou par voie hormonale, ou bien les deux.

C’est une décision mûrement réfléchie, car iels souffrent de leur apparence, créant ainsi une douleur tant physique que psychologique. Cet état les amène alors à une transition pour être définitivement en accord avec eux-mêmes.

Les 2e et 3e types de profils peuvent semer la confusion chez les personnes cisgenres. En effet, lorsque que les personnes cisgenres s’aperçoivent que nous souhaitons changer de prénom, de pronom, qui ont souvent des caractéristiques opposées à celui du genre assigné à la naissance. Pour eux, il est très difficile de concevoir la possibilité de procéder à des modifications corporelles et physiologiques sans pour autant faire un “choix.”

J’en ai été moi-même témoin lors de l’interview d’un psychologue clinicien. Le fait que je m’appelais Karl et que j’avais une apparence féminine l’interpellait. Quand je lui ai dit que j’étais une personne non-binaire, il n’arrivait  pas à admettre l’existence de cette identité. Selon lui, et je reprendrai ses propos : ce sont des foutaises, à un moment, il faut choisir !

En résumé, les personnes non-binaires ne souhaitent pas se définir à un genre unique, mais uniquement sortir de cette binarité.

“Lorsqu’une personne choisit de changer de prénom d’usage en choisissant un prénom doté de caractéristiques opposées à son genre de naissance et à d’autres caractéristiques telles que le pronom et l’apparence, on va employer le terme Trans-masc et Trans-fem.”

En exemple, je suis une personne Trans-masc, car je décide d’avoir Karl en prénom d’usage et parce que je choisis uniquement le pronom personnel masculin – il. Pourquoi ? Parce que ces caractéristiques masculines me plaisent sans que je m’identifie pour autant à ce genre.

La même chose s’applique à une personne transgenre non-binaire qui décide de commencer un traitement hormonal. Cela consiste à prendre de la testostérone pour favoriser une apparence masculine et vice versa pour une personne transgenre non-binaire qui veut prendre des œstrogènes pour favoriser une apparence féminine.

Non-binarité : on va alors parler de l’identité de genre et de l’expression de genre.

Vocabulaire : Identité de genre ≠ Expression de genre : Trans-masc ≠ Trans-men et Trans-fem ≠ Trans-women.

  • Identité de genre : manière dont tu t’identifies et de comment tu vis ton genre.
  • Expression de genre : manière dont tu te présentes physiquement. On parle de présentation “féminine” ou “masculine”.
  • Trans-masc : personne transgenre non-binaire présentant des caractéristiques plus masculines.
  • Trans-fem : personne transgenre non-binaire présentant des caractéristiques plus féminines.

Karl : revenons à la manière dont j’ai pu déterminer ma non-binarité.

J’ai donc mis en pratique la technique qui m’a été suggérée lors de cette rencontre dans les transports. J’ai commencé par demander à mes ami.es de me genré uniquement au masculin quand nous communiquions ensemble. Cela m’a permis de savoir ce que cela pouvait me faire ressentir. Cela a duré entre deux et trois semaines.

Puis j’ai commencé à me sentir un peu plus moi-même, un peu comme une révélation, c’était très agréable. J’ai ressenti la légèreté et la liberté d’être celui que je voulais être. Alors j’ai décidé de l’officialiser avec mes ami.es car ce n’était plus un test.

Certaines personnes se trompaient dans mes pronoms, et je leur ai dit que ce n’était pas grave ! Que j’acceptais le pronom ELLE, mais à contrecœur, je désirais être tolérant malgré tout. De plus, je peux comprendre aisément qu’il doit être difficile de s’adapter rapidement au changement de pronom d’un ou d’une amie proche.

Non-binarité : cette période a duré 4 mois et je ne souhaitais plus être genré au féminin, mais uniquement au masculin.

Par la suite, j’ai continué à remettre en question mon identité de genre. Un jour, je ne me rappelle pas la date, mais c’était en fin d’après-midi et la température était aux alentours de 20 degrés. Je me suis posé dehors, à un endroit et un lieu reflétant le calme et la quiétude.

J’étais seul, personne à l’horizon, et il n’y avait que moi sur des kilomètres à la ronde. J’étais assis sur un banc, à côté d’une école maternelle fermée pendant les vacances scolaires. Devant moi, il n’y avait pas grand-chose sauf un grand bâtiment d’hébergement réservé aux sapeurs-pompiers. À ma droite se trouvait un grand terrain de sport qui comprenait deux paniers de basketball. Juste derrière moi se trouvait une grande forêt dans laquelle on pouvait entendre les oiseaux siffler.

Cette description est importante, car c’est mon endroit idéal pour réaliser une introspection. En effet, il vaut mieux être seul afin de ne pas se laisser distraire et ainsi ne pas perturber notre concentration. Il n’est pas facile de faire une observation et une analyse approfondie de soi parce qu’à cet instant, nous sommes face à nous-mêmes. Par conséquent, les bonnes conditions doivent être réunies pour obtenir les résultats escomptés.

L’introspection sur ma non-binarité ou plutôt sur mon véritable MOI débuta.

J’ai d’abord fermé les yeux avant de respirer profondément. Je me posais la question : Est-ce que je suis heureux ? Je me disais simultanément : Oui. Parce que ….

Voyant que mes questions apportaient des réponses sincères, je me suis finalement demandé : est-ce que tu te sens comme une femme ? Non, tout mon être me répondit que non. Être une femme dans la société, c’est présenter des caractéristiques jugées spécifiques au genre féminin. Cela signifie également avoir une image sociale bien précise et je ne me voyais pas dans cette case.

Puis une autre question s’en est suivie : au contraire, te sens-tu plus comme un homme ? Je me suis dit directement non, également, pour la même raison.

Je ne m’identifiais à aucun de ces genres, j’en ai conclu que j’étais une personne transgenre dite non-binaire depuis tout ce temps… Lorsque j’ai ouvert les yeux, tout s’éclaircissait peu à peu.

En résumé, les personnes transgenres dites non-binaires ne peuvent pas s’identifier en tant que personnes binaires (hommes ou femmes). Parce que pour certains, le genre est une sorte de construction sociale, tout cela est une question de ressenti. Le concept du parapluie, pour le visualiser, est assez pertinent. Mais j’ai aussi une autre façon de visualiser la non-binarité, plus simple pour mieux aborder ce sujet.

C’est comme si nous avions en face de nos yeux deux voies binaires opposées et distinctes. Il fait nuit, il y a un lampadaire dans notre champ de vision. On nous demande alors de choisir entre le chemin N°1 ou le chemin N°2. Pourquoi imposer ce choix ?

Certaines personnes binaires refusent de comprendre et de respecter le fait que l’on ne peut pas choisir d’être ni l’un ni l’autre. Ce sont deux routes qui ne nous correspondent pas et qui ne nous parlent pas vraiment. Que ce soit un chemin cisgenre ou transgenre-binaire, c’est du pareil au même, il nous semble incompatible avec nos êtres.

Beaucoup doivent penser que nous sommes frustrés et perdus, que nous ne pouvons pas choisir et que nous sommes insensés ! Alors que ce sont eux qui nous font part de leur frustration à propos du fait que nous ne nous sentons ni homme ni femme. C’est ironique. Même si les personnes pensent que nous stagnons, que nous devons à tout prix choisir l’un d’entre eux pour avancer dans la vie, iels se gourent lourdement !

Le lampadaire est important, car il éclaire et illumine la voie du centre. He oui ! Il y a un troisième chemin entre les deux. Fort heureusement, car celui-ci parle beaucoup plus à notre instinct et à notre ressenti.

Non-binarité : le temps est venu d’attribuer la même reconnaissance à ce chemin, tout comme à celui des autres êtres humains.

Il mérite d’être reconnu et pris en considération, parce que beaucoup s’identifient à lui et l’empruntent pour la vie. Pour l’expression du style vestimentaire, il est spécifique à chaque personne, car il n’y a pas de code vestimentaire dans la non-binarité. Je suis de ceux qui n’ont aucun code vestimentaire, je suis plutôt versatile.

Ma devise est de m’en moquer, surtout si cela paraît très masculin ou très féminin. Après tout, ce n’est pas grâce à ça que je me sentirais binaire d’un coup. Il ne s’agit que d’une apparence dont on parle, il faut déconstruire ce qui semble essentiellement masculin ou féminin.

Dans mon cas, ça peut très bien m’arriver de switcher de style vestimentaire du jour au lendemain. Quand un vêtement attire mon attention, c’est parce que l’aspect artistique véhiculé tout autour me parle et me plaît beaucoup. Que ce soit “(très) féminin” ou “(très) masculin”, je m’en moque. Je ne me sentirai pas comme une femme lorsque je serai (très) féminine et inversement lorsque je serai (très) masculine. Ce qui importe, c’est l’expression artistique qui peut être transmise par ce que je porte.

Une personne non-binaire peut toutefois avoir un style vestimentaire de type moderne, sportswear, créatif, gothique, rock, punk, lolita, et j’en passe.

Il ne remettra jamais en cause son identité de genre. Comprenez qu’un style vestimentaire arrivera toujours en deuxième position. En général, l’être exprime ce qu’il ressent et se perçoit à travers son style de vêtement et rien d’autre. Ceci est son expression de genre. Ce que nous devons comprendre, c’est que chacun a sa propre signature et exprime différemment sa non-binarité

Sophie Vitali : comment as-tu abordé le sujet de la non-binarité avec ta famille et tes amis.ies ?

Avec mes amis.es, le sujet a été abordé de manière spontanée. Je n’éprouvais pas d’appréhension particulière. La majorité de mes amis.ies sont des personnes faisant partie de la communauté LGBTQIA+, iels ont bien réagi. La plupart d’entre eux en étaient bien informés et n’avaient donc aucune raison de mal réagir. Iels ont été bienveillants et étaient contents que je sache enfin qui j’étais et que je revendique désormais être une personne transgenre non-binaire.

Quant à ma famille, c’est tout à fait différent…

Mes frères, sœurs, beaux-frères, belles-sœurs, cousins savent que je fais partie de la communauté LGBTQIA+, mais iels ne savent pas que je suis une personne non-binaire.

Je ne souhaite pas leur dire, car je ne me sens pas suffisamment assez proche d’eux pour cela. Pour mes parents, mes frères et sœurs et mes cousins étaient tous d’accord sans exception pour dire que je ne devrais pas en discuter avec elleux. À notre avis, iels seraient trop sensibles à cette révélation. Mon père souffre d’hypertension artérielle depuis quelques années, et lui dire cela revient à compromettre sa santé. Il a déjà du mal à se faire rien qu’à mon septum, et ce, depuis 2 ans…

C’est un sujet plus sensible pour mes parents, voire même plus complexe que ça. Je suis un peu obligé de planter le décor pour que vous puissiez mieux en comprendre la raison. Mes parents sont de confession musulmane. Étant donné qu’iels n’appartiennent pas à la même génération que nous, iels sont volontairement plus coupés du monde. Iels n’attribuent pas les mêmes valeurs pour ce monde que nous.

Par conséquent, iels ne se préoccupent pas de ce qui peut arriver sur cette terre, de la technologie qui les entoure, etc. Pour la simple et unique raison que dans l’Islam, il leur est demandé de ne pas s’attacher à tout ce qui se passe ou provient de ce bas monde. Tout ce qui s’y passe ici est dit passager. Ce qui leur est demandé en outre, c’est d’exécuter les cinq piliers de l’Islam (la profession de foi ; la prière ; l’aumône ; le jeune du mois de Ramadan et le pèlerinage).

Cette bonne conduite amène à l’apaisement du cœur et à se préparer face au jour du Jugement Dernier. Au jour du jugement dernier si la personne a tenté d’être une bonne personne par l’exécution de ses 5 piliers. Elle se voit favoriser son entrée dans un des 7 ciels du paradis, le 7e ciel étant celui qui permet à l’humain d’apercevoir Allah (Dieu).

Mes parents sont de par la pratique, de nature paisible et en harmonie avec leur environnement. Iels forgent tous les jours leur foi, celle-ci est toujours inébranlable. Dans ma culture, iels se font surnommer les “anciens et les anciennes” et on éprouve un immense respect envers eux.

Mes parents sont des anciens très attachés à leur foi et j’ai beaucoup d’estime et d’admiration pour eux. Ainsi, en raison de leur manque de connaissances à ce sujet, et d’une déconnexion volontaire de ce monde, je ne veux pas leur révéler des informations qui pourraient perturber leur paix intérieure.

C’est pour cette unique raison que je ne leur révèle pas que je suis une personne transgenre non-binaire.

Je préfère apporter cette précision et mettre les choses au clair. Ce n’est pas par la crainte d’avoir des parents transphobes, parce que ce n’est pas le cas. Je ne suis pas distant avec mes parents en dépit de cela, je suis très proche d’elleux. De plus, je sais que mes parents seront toujours là en cas de besoin. Je les aime et je suis très fier de leur parcours de vie, de ce qu’iels sont.

Seule ma sœur aînée est au courant de ma non-binarité. Elle est ouverte d’esprit, tolérante, compréhensive et un véritable soutien. Malgré son désir d’approfondir de jour en jour sa foi, elle ne cherche pas à vouloir me remettre en question sur mon identité de genre. Rien n’a changé entre nous, nous sommes toujours complices. Lorsque j’ai entrepris des démarches administratives pour changer de prénom à l’état civil, elle m’a apporté son soutien émotionnel et matériel. Par ailleurs, elle fait partie des personnes qui ont rédigé une lettre destinée à faire valoir mes droits.

Dans cette précieuse lettre, elle déclare me voir et affirmer que je me présente comme une personne transgenre portant le prénom de Karl, etc. Cette demande de changement de prénom sera d’ailleurs acceptée une semaine après avoir été soumise.

Aujourd’hui, elle me répète souvent : « je protégerai toujours ton secret. » en rajoutant affectueusement brother ou frère. Je suis plus que reconnaissant de l’avoir pour grande sœur.

Sophie Vitali : As-tu souffert du regard des autres comme malheureusement beaucoup de personnes transgenres non-binaires ?

Pour répondre à cette question, il faut tenir compte d’un certain nombre de facteurs. C’est pourquoi le degré de confiance en soi, d’estime de soi et d’affirmation de soi est important.

Pour ma part… Je vais dire que non. Je n’en souffre pas. Je suis une personne qui a une confiance et une estime de soi élevées et qui est consciente de sa valeur. C’est pourquoi, je m’affirme beaucoup (sans vouloir passer pour une tête brûlée non plus !).

Les gens qui savent que je suis non-binaire sont, dans la mesure du possible, ouverts d’esprit, tolérants et respectueux à cet égard. Donc je ne souffre pas du regard qu’iels ont à mon encontre. J’aurais beaucoup souffert dans le cas contraire.

En ce qui concerne la façon dont la société considère la non-binarité, j’en souffre beaucoup.

Lors de toutes mes interactions sociales avec un ou une inconnue, on va facilement m’attribuer un genre, un pronom, sans ce qu’iel se demande si est conforme. Il n’est pas exclu aussi de se faire mégenrer par des personnes appartenant à la communauté LGBTQIA+.

Nous pouvons également souffrir du regard des autres lorsque notre identité de genre est décrédibilisée. Cela peut prendre la forme de propos désobligeants, de réflexions négatives et de moqueries.

Par les personnes cisgenres :

  • Si tu choisis de prendre de la testostérone et de réaliser une mammectomie pour te masculiniser de plus en plus, pourquoi tu ne te considères pas comme un homme ?
  • Mais je ne comprends pas pourquoi réaliser tout ça pour ne pas vouloir se considérer comme un homme ou une femme ?
  • C’est n’importe quoi, à ce stade-là, fais un choix !

Il n’est pas rare aussi que les personnes transgenres se comportent de la même façon. Certains d’entre eux nient même notre existence en proclamant que seule la transidentité binaire existe !

De plus, certaines personnes transgenres binaires vont se mettre en compétition avec les personnes transgenres non-binaires.

Elleux voudront comparer la souffrance endurée lors de leur parcours de transition avec le nôtre. Cessez ça, ça vous décrédibilise totalement. Il n’y a pas de fierté à en arriver là…

Parfois, certains peuvent dire : « Nous souffrons beaucoup plus que vous pour ceci ou pour cela ! »… EN CLAIR, la personne se vante d’avoir subi le plus de souffrances sur certains points ? À quoi bon se glorifier, vouloir à tout prix montrer et prétendre souffrir davantage du regard des autres ? Entendons-nous bien que de se vanter de souffrir, c’est du sadisme pur et dur.

Cessez d’essayer de diviser ou de dénigrer autrui. Nous sommes d’abord et avant tout des personnes transgenres, que ce soit binaires ou non binaires. Aucun individu n’a une identité de genre supérieure à une autre, alors reconnaissez et respectez l’identité de genre de chacun !

Sophie Vitali : Comment les personnes non-binaires vivent-elles leur sexualité ?

Je ne peux pas répondre au nom de toutes les personnes non-binaires en ce qui concerne la façon dont iels vivent leur sexualité. Le fait d’être une personne transgenre peut changer complètement la façon de vivre sa sexualité, que l’on soit follement amoureux de la personne ou non, et quel que soit son genre.

D’après ce que j’ai pu comprendre, beaucoup de personnes LGBTQIA+ veulent sortir du cadre hétéronormé. Par exemple, une personne non-binaire dotée d’un pénis peut ne pas vouloir pénétrer son partenaire car iel ne veut pas utiliser cet attribut.

Peut-être aussi qu’une personne non-binaire doté d’un vagin ne voudra pas être soumise face à une personne avec un pénis… Dans la société actuelle, les images et vidéos pornographiques se sont banalisées. Que ce soit dans les films ou directement sur les sites, la vision commune que nous pouvons avoir de la sexualité est implémentée dans les discussions.

Tout cela rentre dans notre inconscient, et qu’on le veuille ou non, on est soumis à certaines dynamiques. Lorsque tu as un vagin, tu es en position de soumission, même si celui-ci est inconscient. Quand tu possèdes un pénis, tu es dans une position de domination puisque c’est toi qui fait plus de mouvement durant l’acte, etc. Ces éléments sont extrêmement difficiles à déconstruire dans la pratique, que tu aimes la personne ou non.

“Sortir de la binarité, c’est aussi sortir des rôles qui sont assignés aux femmes et aux hommes, et cela s’applique aussi à la sexualité.”

Sophie Vitali : comment envisages-tu la maternité/paternité ?

Depuis que j’ai l’âge de 20 ans, j’envisage de ne pas faire appel à des donneurs de spermes pour fonder une famille. Je souhaiterai plutôt avoir un enfant comportant mon ADN ainsi que celui de ma ou de mon partenaire. Toutefois, l’adoption est une solution qui ne me déplaît pas. C’est assez complexe… J’envisage la paternité à quelques conditions ou réserves pour l’instant. Pourquoi cela ? La technologie ma chère Sophie !

Savais-tu qu’une découverte majeure a été faite en 2007 par une équipe de scientifiques allemands? Iel a pu obtenir des spermatozoïdes immatures des cellules souches de la moelle épinière. Cette recherche a été menée dans l’objectif de permettre aux hommes souffrant d’infertilité d’avoir la possibilité de procréer. De fait, cette découverte incroyable peut donner l’espoir de pouvoir fonder une famille pour les couples de lesbiennes.

Pour l’instant, ce n’est pas tout à fait encore au point car la grossesse n’arrive pas à son terme. Mais la question de l’éthique est le plus grand obstacle à surmonter, car elle sous-entend qu’une personne de sexe féminin aura la possibilité de procréer seule. Lorsque cela sera permis, je serai alors en mesure de considérer la paternité avec certitude.

Quant à l’éducation que je souhaite donné à mon enfant avec ma ou mon partenaire, elle sera neutre. Dès lors qu’iels seront en âge de comprendre, iels pourront exprimer leur identité de genre. Nous essayerons d’être des parents impliqués dans l’éducation et le développement de nos enfants. En attendant, j’espère que les droits de l’homme seront honorés, afin qu’iels vivent dans de meilleures conditions, dans un monde plus progressiste et tolérant.

Sophie Vitali : Penses-tu que la société a évolué de façon positive face à la non-binarité ?

Oui, la société évolue de façon positive. Il y a toujours des progrès même si ceux-ci sont minimes. Dernièrement, un réalisateur du nom de Peter Sohn a produit un film d’animation appelé : Élémentaire.

Dans ce film d’animation, on voit apparaître un personnage secondaire qui est non-binaire. Faire apparaître un personnage transgenre non-binaire dans un film quel que soit le genre est un grand pas, cela montre une prise en considération de cette identité.

Les compagnies américaines Pixar Animation Studios et Walt Disney Animation Studios souhaitaient y participer à la production. Bien souvent, ces films d’animation ont un rôle pédagogique pour les enfants, et ce, dès leur plus jeune âge. C’est pourquoi l’introduction de personnages transgenres binaires et non-binaires restent un bienfait.

Cela permet aux enfants de prendre conscience des différentes identités de genre et de se familiariser avec celles-ci. Cette éducation, axée sur la tolérance et le respect des autres, améliorera les conditions de vie des personnes transgenres binaires et non binaires.

Sophie Vitali : Quel message souhaiterais-tu transmettre ? Aux personnes non-binaires, aux parents, au gouvernement, etc…

1) Message destiné aux personnes transgenres binaires et non-binaires :

Grâce à l’article paru à Paris le 17 avril 2019, par la collaboration de la Ministre, de la CPU (Conférence des Présidents Universitaires) , la Conférence des grandes écoles, ainsi que de la CDEFI (Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs), vous pouvez faire valoir votre droit de vous inscrire sous votre prénom d’usage et avec vos pronoms.

Voici une liste non exhaustive de documents qui peuvent mentionner le prénom d’usage ainsi que les pronoms :

– Carte d’étudiante

– Carte de bibliothèque

Pour les élections :

– Liste électorale, liste d’émargement, liste de candidats

– Affichage des résultats d’examens

– Listes d’inscrits, d’appels et d’émargement (séminaires, épreuves d’examens, etc.)

– Adresse de messagerie étudiante

Source : Recommandations pour favoriser l’inclusion des personnes transgenres dans la vie étudiante et dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche. (2019). CONFERENCE DES GRANDES ECOLES. https://www.enseignementsuprecherche.gouv.fr/sites/default/files/2021-11/lettre-de-fr-d-rique-vidal-aux-pr-sidents-duniversit-s-directeurs-et-chefs-d-tablissements-d-enseignement-sup-rieur-14944.pdf

Le gouvernement devrait aussi étendre ce droit à des mineurs transgenres. Si iels constatent qu’une personne présente une identité transgenre, et si iels ont le consentement des parents, c’est réalisable.

Messages à la communauté transgenre :

Les personnes transgenres binaires et non-binaires doivent se respecter mutuellement.

Pour cela, il faut demander systématiquement les pronoms de la personne avec qui vous avez un ou plusieurs échanges verbaux. Le physique ne peut déterminer le genre d’une personne. Ainsi, il n’est pas acceptable d’attribuer des pronoms à une personne sans les connaître et sans son consentement.

Message pour la société :

Nous vous remercions pour le soutien grandissant apporté à notre communauté. Nous souhaitons que vous continuiez de mettre en avant l’identité des personnes transgenres binaires et non-binaires, que ce soit dans le domaine de l’animation, du cinéma, de séries ou de court-métrage.

Pour améliorer les conditions de vie des personnes transgenres, évitez d’attribuer systématiquement un genre aux personnes lorsque vous voulez être courtois avec des formules de politesse.

Dans le monde du commerce, nous insistons pour que les employeurs et les employés accueillent les clients à l’aide de formules polies telles que :

  • Bonjour Madame/Monsieur.
  • Que puis-je faire pour vous Madame/Monsieur ?
  • Madame/Monsieur vous désirez ?
  • Au revoir Madame/Monsieur.

Lorsque le client ne vous a pas informé de son identité de genre, il est plus courtois de s’en tenir à “Bonjour”. Cela évite de vous confronter à une situation délicate ou gênante, et de mettre les clients mal à l’aise, ce n’est pas professionnel.

Message pour le gouvernement :

  • Suggérer le genre de la non-binarité pour les documents officiels tels que le passeport et la carte d’identité.
  • Inclure les personnes transgenres non-binaires dans la prise en charge et le remboursement par la sécurité sociale pour toute transition nécessitant une ou plusieurs interventions chirurgicales. Le décret du 8 février 2010 mentionne la prise en charge à 100 % des soins sous le titre de “troubles de l’identité de genre.” Les personnes transgenres non-binaires sont aussi concernées.

Le ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, Mr Pap Ndiaye assure que la lutte contre le harcèlement scolaire est “une priorité du gouvernement”. En France, 10 % des élèves (soit environ 700 000 élèves) sont victimes de harcèlement.

Les jeunes victimes d’homophobie et de transphobie sont 2 à 7 fois plus touchées par le suicide.

Le taux de suicide en hausse depuis des années prouve une fois de trop l’absence de moyens humains et financiers pour lutter réellement contre le harcèlement scolaire, l’homophobie et la transphobie. À la suite de l’affaire du petit Lucas, de nombreuses personnes LGBTQIA+ ont partagé leur émotion sur les réseaux sociaux en témoignant de l’homophobie dont ils ont été victimes, parfois dès l’école primaire.

En vertu de la LOI N° 2022-299 du 2 mars 2022 visant à combattre contre le harcèlement scolaire ; de la prévention des faits de harcèlement scolaire et de la prise en charge des victimes, l’Art. L. 111-6 cite “Aucun élève ou étudiant ne doit subir de faits de harcèlement résultant de propos ou comportements, commis au sein de l’établissement d’enseignement ou en marge de la vie scolaire ou universitaire et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de dégrader ses conditions d’apprentissage. Ces faits peuvent être constitutifs du délit de harcèlement scolaire prévu à l’article 222-33-2-3 du code pénal.

Les établissements d’enseignement scolaire et supérieur publics et privés ainsi que le réseau des œuvres universitaires prennent les mesures appropriées visant à lutter contre le harcèlement dans le cadre scolaire et universitaire. Ces mesures visent notamment à prévenir l’apparition de situations de harcèlement, à favoriser leur détection par la communauté éducative afin d’y apporter une réponse rapide et coordonnée et à orienter les victimes, les témoins et les auteurs, le cas échéant, vers les services appropriés et les associations susceptibles de leur proposer un accompagnement. Une information sur les risques liés au harcèlement scolaire, notamment au cyberharcèlement, est délivrée chaque année aux élèves et aux parents d’élèves. »

Le gouvernement se devrait d’inclure :

  • La vente de jeux de sociétés à l’image de la société actuelle (parents homoparentaux.)
  • La vente et la mise à disposition dans les écoles, bibliothèques et médiathèques des livres d’éducations pour enfant mettant en avant les différentes possibilités d’orientations sexuelles. Évidemment, ces histoires devront être adaptées aux enfants à partir de 3 ans.

Les histoires avec des parents homoparentales, pourront ressembler à :

  • “…” qui va à la plage avec ses deux papas.
  • “…” peint avec ses 2 mamans, etc.

Passé cet âge-là, iel pourrait suggérer des histoires dans lesquelles un personnage présente son orientation sexuelle ou son identité de genre. Ces histoires pourront être accessibles à l’âge de 12 ans.

Exemple :

  • Je suis “…” et j’aime les filles.
  • Je suis “…” et j’aime les garçons.
  • Je suis ”…” et j’aime les garçons et les filles.

Exemple sur l’identité de genre :

  • Je suis Axel(le) et je suis un garçon !
  • Je suis Gaël-le et je suis une fille !

Le message à transmettre dans ces histoires est qu’il est aussi normal de ressentir une attirance envers une personne du même genre, et d’avoir des sentiments amoureux.

Parce que l’amour ne connaît pas de frontières. Ces récits rassureront les enfants si iels font face à un cas particulièrement difficile comme le harcèlement homophobe et la transphobie. Iels pourront aussi signifier de l’importance de se confier auprès d’un adulte.

Aussi, un numéro d’appel tel que le 3020 pourrait être mis en place (numéro d’écoute contre le harcèlement scolaire accessible aux élèves, aux parents, les familles, les professionnels témoins ou victimes d’une situation de harcèlement), etc.

Il en va de même pour les enfants n’appartenant pas à la communauté LGBTQIA+. Elleux recevront des messages sur le fait qu’il est interdit voir illégal de vouloir harceler un ou une camarade.

  • Expliquez pourquoi ce n’est pas correct, en lui faisant réaliser les répercussions qu’iel pourrait engendrer. Ainsi, que le comportement à adopter si iels sont témoins de cela.

Messages aux parents :

  • Tentez d’être plus ouvert envers votre ou vos enfants, que vous le vouliez ou non, vous occuperez toujours une place importante auprès de lui ou d’eux.
  • Lors du coming-out de votre ou vos enfants, exprimez lui votre soutien. Rassurez-le en affirmant que cela ne changera l’image que vous avez de lui et que vous l’aimerez toujours.
  • Protégez-les, expliquez-leur que leurs différences sont leur force.
  • Menez vos propres recherches sur l’identité de genre pour mieux le ou la comprendre.
  • Favorisez une éducation qui privilégie une tolérance face à la différence. Cela diminuera drastiquement le nombre de harceleurs.

Pour conclure cet article sur le sujet de la non-binarité…

Musique ayant accompagnée Karl lors de la révélation de sa non-binarité.

Pour conclure cet article, je laisse le mot de la fin à Karl Majani :

“Si mon témoignage a été en mesure de faire changer votre regard au sujet de la non-binarité, alors j’en suis ravi ! Je souhaite remercier Sophie Vitali de m’avoir laissé la parole. Je souhaite remercier également mon entourage et ma famille pour leurs soutiens, pour toujours croire en moi. Mais aussi, pour me reconnaître à ma juste valeur et pour m’aimer tel que je suis.

Grâce à vous tous et toutes je suis devenu la personne que je suis aujourd’hui. Néanmoins, je m’évertue à devenir une meilleure version de moi-même chaque jour à vos côtés.”