Qui n’a jamais entendu parler du sujet de la non-binarité que ce soit dans les médias ou en société ?
Après avoir échangé avec des amis sur ce sujet lors de la préparation de cet article, nombre d’entre eux ont eu la même réaction. La plupart pensent qu’il s’agit d’un phénomène de mode, d’autres que c’est n’importe quoi et que cela n’existe pas. C’est alors que, après bien des discussions avec Karl Majani, je lui propose de s’exprimer sans filtre sur la non-binarité.
C’est sans une once d’hésitation qu’il a accepté, car après plus de deux heures d’échange, nous sommes d’accord sur un point : la non-binarité est encore méconnue et beaucoup de jeunes personnes ont du mal a exprimé leur véritable MOI.
C’est pourquoi aujourd’hui, je vous propose une interview sans faux-semblants ni bienséance. Notre objectif commun est d’aider les familles à accompagner les personnes non-binaires dans leur vie. Mais pas seulement ! Il s’agit également d’affronter une société de plus en plus fermée à la vie et à l’acceptation d’un monde nouveau.
J’entends déjà l’écho de Monsieur et Madame JESAISTOUT marmonner : dans 10 ans, on en parlera plus ! Ces jeunes, c’est vraiment n’importe quoi, ils ne savent plus quoi inventer pour se faire remarquer ! Sophie Vitali désire-t-elle faire le buzz après avoir affiché clairement dans Garçon Magazine son soutien à la communauté LGBTQAI+ ?
Rassurez-vous, il n’en est rien ! S’il est une chose que je ne peux supporter, c’est bien l’injustice et le jugement de l’autre. Dans cet article, vous découvrirez comment une personne non-binaire se révèle et quel est son parcours pour finalement… Vivre et être épanouie.
Karl Majani : Bonjour Sophie ! C’est un honneur pour moi que de répondre à votre demande. Je vais tenter de te répondre avec toute ma franchise.
Karl est apparu dans ma vie alors que j’avais 22 ans. L’année avait commencé et j’ai fait sa connaissance durant la période de janvier. L’élément déclencheur a été un événement dramatique : la perte de mes cheveux dans un salon de coiffure réputé de ma ville.
Bon, je plante le décor. J’ai 22 ans, je suis jeune, et la société à décidé à ma naissance que j’étais une petite-fille. Je savais que j’étais une personne non-binaire, et je ne me sentais pas à l’aise avec le prénom féminin qui m’a été assigné. Je voulais m’appeler autrement, mais je n’avais pas encore idée d’un prénom précis. À ce stade-là, j’avais un surnom diminutif de mon morinom en attendant que celui-ci se manifeste.
Je traversais une période très difficile dans ma vie. Physiquement, je m’emportais, je prenais des décisions impulsives parce que mon esprit était embrumé. Après mes examens universitaires, je souhaitais prendre un nouveau départ rempli de bonnes ondes et d’énérgies en commençant par une activité dite thérapeutique « le changement de coiffure ou de style capillaire » !
J’ai pris cette décision avec impulsivité, mais je ne voulais pas abîmer mes cheveux. J’ai donc pris rendez-vous dans un salon de coiffure ayant une très bonne réputation. Je voulais être blond platine avec des reflets légèrement bleus. Ce salon de coiffure, avant le jour J, voulait tester une de mes mèches, pour s’assurer que mes cheveux étaient assez résistants pour une décoloration.
Le test est passé avec brio, et je m’y suis donc rendu 3 jours plus tard, soit le 17 janvier 2022. Bien installé dans ce fameux salon de coiffure, on m’applique enfin la décoloration… On m’installe à proximité des machines chauffantes…
Ce n’était plus une seule personne qui s’occupait de mon cas, mais 2 et bientôt 3 personnes en même temps ! Malgré leurs efforts pour camoufler les dégâts, mes cheveux couvrant ma poitrine n’étaient plus là ! Les coiffeurs auraient pu s’arrêter là, mais non ! Ils ont souhaité continuer et m’appliquer une patine puis une coloration, le rendu était incroyablement dégueulasse.
Ma couleur était verdâtre, voire indescriptible. Pour voir les dégâts, car cette « charmante équipe » ne voulait rien me montrer, une amie a dû réaliser des captures d’écran via FaceTime. Il va sans dire que lorsque j’ai vu les images, j’étais complètement désemparé.
La patronne à son arrivée, a aussi tenté d’améliorer ce rendu avec une coloration bordeaux. Elle prétendait que « c’était mieux pour cacher les trous ». Le personnel n’eut aucun remords et aucune excuse ne m’a été présentée. Je suis resté ainsi jusqu’à la fermeture. C’est seulement après avoir partagé ma position avec ma sœur qu’elle est venue me récupérer.
Toujours sous le choc, c’est aussi ma sœur qui va prendre contact avec un coiffeur le lendemain pour me raser complètement le crâne. C’était la meilleure décision à prendre, car je ne voulais pas conserver un souvenir de ce moment plein de déception et très traumatisant.
Quand j’y réfléchis bien. Je pense que je devais faire face à cette épreuve pour apprendre à me connaître.
Auparavant, je portais constamment un masque en société. J’étais malheureux, mal dans ma peau et j’ignorais qui j’étais… Je faisais diversion auprès des personnes que je rencontrais en revêtant un masque : un maquillage sophistiqué, une coiffure convenable, une tenue pas trop mal avec pour accessoire indispensable : le sourire. Cela fonctionnait parfaitement…
C’est pourquoi lorsque j’ai perdu ma longue chevelure, j’étais d’autant plus désemparé. Le moral affaiblit associé à un manque de courage ont endommagé mon précieux masque. Je devais absolument savoir qui j’étais pour aller de l’avant. Je supposais qu’effectuer des recherches sur les prénoms via Google allait me prêter main forte pour choisir, mais en fait, non.
En réponse à la question, qui est Karl ?
- Karl est un peu mon sauveur, mon propre sauveur créé à partir du moi intérieur.
- Karl est un beau gosse transgenre non-binaire de 23 ans.
- Karl est celui qui a toujours fière allure même s’il se rase les sourcils.
- Karl est celui qui respire la joie de vivre, la gentillesse, l’espoir, la foi et la bienveillance envers autrui.
- Karl est celui qui a une confiance totale en lui-même et une forte estime de soi.
- Karl est celui qui ne porte pas de masque.
- Karl est aujourd’hui celui qui revendique son identité et s’affirme au sein de la société.
- Karl est celui qui se bat pour la liberté des individus.
- Karl est celui qui se sent libre, lui-même, et qui est entier.
Pour tout dire… Je dirais que cela a commencé… En fin d’année 2021, début septembre – octobre. J’avais 21 ans lorsqu’un soir, j’ai pris les transports en commun pour rentrer chez moi. Après m’y être installé, j’y ai fait une rencontre banale sur le moment qui s’est avérée décisive par la suite.
En premier lieu, cette personne m’a demandé si elle pouvait s’asseoir juste à côté de moi. J’ai dit : oui ! Bien sûr. Elle s’est assise et tout de suite, nous nous sommes complimentés sur nos styles respectifs. Puis nous nous sommes présentés. Elle ne s’est pas présentée dans un premier temps, mais m’a demandé directement quels étaient mes pronoms !
En guise de rappel, il existe plusieurs pronoms personnels :
- Il : dans le genre Masculin
- Elle : dans le genre Féminin
- Iel/Ellui : dans le genre Neutre (combinaison des pronoms -il et -elle), Ellui → plusieurs interprétations sont possibles :
1) considéré comme un pronom neutre.
2) Considéré comme un pronom complément lorsque nous parlons d’une personne employant le pronom – Iel au singulier (exemple : iel (il+elle) est très gentil ; Oh ! c’est ellui (lui) dont tu m’avais parlé hier soir !”
- Iels/Elleux : dans le genre Neutre (combinaison des pronoms -ils et -elles)
Même processus pour les pronoms Iel/Ellui au pluriel. (exemple : iels (ils+elles) ont participé au concours ; C’est elleux (eux) qui ont gagné.”
- D’autres pronoms similaires : ael ; ul ; ol ; yel ; yelle ; ælle ; ell et surement d’autres.
Ensuite, j’aimerais vous parler des différents types de profils des personnes transgenres non-binaires. Pour ce faire, j’ai réalisé un schéma composé de 3 types de profils. Les 3 profils sont aussi importants les uns que les autres et aucun n’est supérieur aux autres. Non seulement, on comprend plus aisément les multiples possibilités de profil sous ce schéma.
Mais aussi, c’est ce qui permet de ne pas oublier que ce sont ces 3 profils qui constituent l’aspect de la non-binarité. Tout d’abord, je tiens à avertir sur le fait que je ne souhaite pas offenser qui que ce soit dans cette perception, c’est une perspective propre à chacun. Si ce n’est pas très représentatif ou si j’oublie quelques détails et quelques notions, je vous présente mes excuses les plus sincères.
« Lorsqu’une personne choisit de changer de prénom d’usage en choisissant un prénom doté de caractéristiques opposées à son genre de naissance et à d’autres caractéristiques telles que le pronom et l’apparence, on va employer le terme Trans-masc et Trans-fem. »
En exemple, je suis une personne Trans-masc, car je décide d’avoir Karl en prénom d’usage et parce que je choisis uniquement le pronom personnel masculin – il. Pourquoi ? Parce que ces caractéristiques masculines me plaisent sans que je m’identifie pour autant à ce genre.
La même chose s’applique à une personne transgenre non-binaire qui décide de commencer un traitement hormonal. Cela consiste à prendre de la testostérone pour favoriser une apparence masculine et vice versa pour une personne transgenre non-binaire qui veut prendre des œstrogènes pour favoriser une apparence féminine.
Karl : revenons à la manière dont j’ai pu déterminer ma non-binarité.
J’ai donc mis en pratique la technique qui m’a été suggérée lors de cette rencontre dans les transports. J’ai commencé par demander à mes ami.es de me genré uniquement au masculin quand nous communiquions ensemble. Cela m’a permis de savoir ce que cela pouvait me faire ressentir. Cela a duré entre deux et trois semaines.
Puis j’ai commencé à me sentir un peu plus moi-même, un peu comme une révélation, c’était très agréable. J’ai ressenti la légèreté et la liberté d’être celui que je voulais être. Alors j’ai décidé de l’officialiser avec mes ami.es car ce n’était plus un test.
Certaines personnes se trompaient dans mes pronoms, et je leur ai dit que ce n’était pas grave ! Que j’acceptais le pronom ELLE, mais à contrecœur, je désirais être tolérant malgré tout. De plus, je peux comprendre aisément qu’il doit être difficile de s’adapter rapidement au changement de pronom d’un ou d’une amie proche.
Par la suite, j’ai continué à remettre en question mon identité de genre. Un jour, je ne me rappelle pas la date, mais c’était en fin d’après-midi et la température était aux alentours de 20 degrés. Je me suis posé dehors, à un endroit et un lieu reflétant le calme et la quiétude.
J’étais seul, personne à l’horizon, et il n’y avait que moi sur des kilomètres à la ronde. J’étais assis sur un banc, à côté d’une école maternelle fermée pendant les vacances scolaires. Devant moi, il n’y avait pas grand-chose sauf un grand bâtiment d’hébergement réservé aux sapeurs-pompiers. À ma droite se trouvait un grand terrain de sport qui comprenait deux paniers de basketball. Juste derrière moi se trouvait une grande forêt dans laquelle on pouvait entendre les oiseaux siffler.
Cette description est importante, car c’est mon endroit idéal pour réaliser une introspection. En effet, il vaut mieux être seul afin de ne pas se laisser distraire et ainsi ne pas perturber notre concentration. Il n’est pas facile de faire une observation et une analyse approfondie de soi parce qu’à cet instant, nous sommes face à nous-mêmes. Par conséquent, les bonnes conditions doivent être réunies pour obtenir les résultats escomptés.
En résumé, les personnes transgenres dites non-binaires ne peuvent pas s’identifier en tant que personnes binaires (hommes ou femmes). Parce que pour certains, le genre est une sorte de construction sociale, tout cela est une question de ressenti. Le concept du parapluie, pour le visualiser, est assez pertinent. Mais j’ai aussi une autre façon de visualiser la non-binarité, plus simple pour mieux aborder ce sujet.
C’est comme si nous avions en face de nos yeux deux voies binaires opposées et distinctes. Il fait nuit, il y a un lampadaire dans notre champ de vision. On nous demande alors de choisir entre le chemin N°1 ou le chemin N°2. Pourquoi imposer ce choix ?
Certaines personnes binaires refusent de comprendre et de respecter le fait que l’on ne peut pas choisir d’être ni l’un ni l’autre. Ce sont deux routes qui ne nous correspondent pas et qui ne nous parlent pas vraiment. Que ce soit un chemin cisgenre ou transgenre-binaire, c’est du pareil au même, il nous semble incompatible avec nos êtres.
Beaucoup doivent penser que nous sommes frustrés et perdus, que nous ne pouvons pas choisir et que nous sommes insensés ! Alors que ce sont eux qui nous font part de leur frustration à propos du fait que nous ne nous sentons ni homme ni femme. C’est ironique. Même si les personnes pensent que nous stagnons, que nous devons à tout prix choisir l’un d’entre eux pour avancer dans la vie, iels se gourent lourdement !
Le lampadaire est important, car il éclaire et illumine la voie du centre. He oui ! Il y a un troisième chemin entre les deux. Fort heureusement, car celui-ci parle beaucoup plus à notre instinct et à notre ressenti.
Une personne non-binaire peut toutefois avoir un style vestimentaire de type moderne, sportswear, créatif, gothique, rock, punk, lolita, et j’en passe.
Il ne remettra jamais en cause son identité de genre. Comprenez qu’un style vestimentaire arrivera toujours en deuxième position. En général, l’être exprime ce qu’il ressent et se perçoit à travers son style de vêtement et rien d’autre. Ceci est son expression de genre. Ce que nous devons comprendre, c’est que chacun a sa propre signature et exprime différemment sa non-binarité
Avec mes amis.es, le sujet a été abordé de manière spontanée. Je n’éprouvais pas d’appréhension particulière. La majorité de mes amis.ies sont des personnes faisant partie de la communauté LGBTQIA+, iels ont bien réagi. La plupart d’entre eux en étaient bien informés et n’avaient donc aucune raison de mal réagir. Iels ont été bienveillants et étaient contents que je sache enfin qui j’étais et que je revendique désormais être une personne transgenre non-binaire.
Quant à ma famille, c’est tout à fait différent…
Je ne souhaite pas leur dire, car je ne me sens pas suffisamment assez proche d’eux pour cela. Pour mes parents, mes frères et sœurs et mes cousins étaient tous d’accord sans exception pour dire que je ne devrais pas en discuter avec elleux. À notre avis, iels seraient trop sensibles à cette révélation. Mon père souffre d’hypertension artérielle depuis quelques années, et lui dire cela revient à compromettre sa santé. Il a déjà du mal à se faire rien qu’à mon septum, et ce, depuis 2 ans…
C’est un sujet plus sensible pour mes parents, voire même plus complexe que ça. Je suis un peu obligé de planter le décor pour que vous puissiez mieux en comprendre la raison. Mes parents sont de confession musulmane. Étant donné qu’iels n’appartiennent pas à la même génération que nous, iels sont volontairement plus coupés du monde. Iels n’attribuent pas les mêmes valeurs pour ce monde que nous.
Par conséquent, iels ne se préoccupent pas de ce qui peut arriver sur cette terre, de la technologie qui les entoure, etc. Pour la simple et unique raison que dans l’Islam, il leur est demandé de ne pas s’attacher à tout ce qui se passe ou provient de ce bas monde. Tout ce qui s’y passe ici est dit passager. Ce qui leur est demandé en outre, c’est d’exécuter les cinq piliers de l’Islam (la profession de foi ; la prière ; l’aumône ; le jeune du mois de Ramadan et le pèlerinage).
Cette bonne conduite amène à l’apaisement du cœur et à se préparer face au jour du Jugement Dernier. Au jour du jugement dernier si la personne a tenté d’être une bonne personne par l’exécution de ses 5 piliers. Elle se voit favoriser son entrée dans un des 7 ciels du paradis, le 7e ciel étant celui qui permet à l’humain d’apercevoir Allah (Dieu).
Je préfère apporter cette précision et mettre les choses au clair. Ce n’est pas par la crainte d’avoir des parents transphobes, parce que ce n’est pas le cas. Je ne suis pas distant avec mes parents en dépit de cela, je suis très proche d’elleux. De plus, je sais que mes parents seront toujours là en cas de besoin. Je les aime et je suis très fier de leur parcours de vie, de ce qu’iels sont.
Seule ma sœur aînée est au courant de ma non-binarité. Elle est ouverte d’esprit, tolérante, compréhensive et un véritable soutien. Malgré son désir d’approfondir de jour en jour sa foi, elle ne cherche pas à vouloir me remettre en question sur mon identité de genre. Rien n’a changé entre nous, nous sommes toujours complices. Lorsque j’ai entrepris des démarches administratives pour changer de prénom à l’état civil, elle m’a apporté son soutien émotionnel et matériel. Par ailleurs, elle fait partie des personnes qui ont rédigé une lettre destinée à faire valoir mes droits.
Dans cette précieuse lettre, elle déclare me voir et affirmer que je me présente comme une personne transgenre portant le prénom de Karl, etc. Cette demande de changement de prénom sera d’ailleurs acceptée une semaine après avoir été soumise.
Aujourd’hui, elle me répète souvent : « je protégerai toujours ton secret. » en rajoutant affectueusement brother ou frère. Je suis plus que reconnaissant de l’avoir pour grande sœur.
Pour répondre à cette question, il faut tenir compte d’un certain nombre de facteurs. C’est pourquoi le degré de confiance en soi, d’estime de soi et d’affirmation de soi est important.
Pour ma part… Je vais dire que non. Je n’en souffre pas. Je suis une personne qui a une confiance et une estime de soi élevées et qui est consciente de sa valeur. C’est pourquoi, je m’affirme beaucoup (sans vouloir passer pour une tête brûlée non plus !).
Les gens qui savent que je suis non-binaire sont, dans la mesure du possible, ouverts d’esprit, tolérants et respectueux à cet égard. Donc je ne souffre pas du regard qu’iels ont à mon encontre. J’aurais beaucoup souffert dans le cas contraire.
En ce qui concerne la façon dont la société considère la non-binarité, j’en souffre beaucoup.
Lors de toutes mes interactions sociales avec un ou une inconnue, on va facilement m’attribuer un genre, un pronom, sans ce qu’iel se demande si est conforme. Il n’est pas exclu aussi de se faire mégenrer par des personnes appartenant à la communauté LGBTQIA+.
Nous pouvons également souffrir du regard des autres lorsque notre identité de genre est décrédibilisée. Cela peut prendre la forme de propos désobligeants, de réflexions négatives et de moqueries.
Par les personnes cisgenres :
- Si tu choisis de prendre de la testostérone et de réaliser une mammectomie pour te masculiniser de plus en plus, pourquoi tu ne te considères pas comme un homme ?
- Mais je ne comprends pas pourquoi réaliser tout ça pour ne pas vouloir se considérer comme un homme ou une femme ?
- C’est n’importe quoi, à ce stade-là, fais un choix !
Il n’est pas rare aussi que les personnes transgenres se comportent de la même façon. Certains d’entre eux nient même notre existence en proclamant que seule la transidentité binaire existe !
« Sortir de la binarité, c’est aussi sortir des rôles qui sont assignés aux femmes et aux hommes, et cela s’applique aussi à la sexualité. »
Oui, la société évolue de façon positive. Il y a toujours des progrès même si ceux-ci sont minimes. Dernièrement, un réalisateur du nom de Peter Sohn a produit un film d’animation appelé : Élémentaire.
Dans ce film d’animation, on voit apparaître un personnage secondaire qui est non-binaire. Faire apparaître un personnage transgenre non-binaire dans un film quel que soit le genre est un grand pas, cela montre une prise en considération de cette identité.
Les compagnies américaines Pixar Animation Studios et Walt Disney Animation Studios souhaitaient y participer à la production. Bien souvent, ces films d’animation ont un rôle pédagogique pour les enfants, et ce, dès leur plus jeune âge. C’est pourquoi l’introduction de personnages transgenres binaires et non-binaires restent un bienfait.
Cela permet aux enfants de prendre conscience des différentes identités de genre et de se familiariser avec celles-ci. Cette éducation, axée sur la tolérance et le respect des autres, améliorera les conditions de vie des personnes transgenres binaires et non binaires.
1) Message destiné aux personnes transgenres binaires et non-binaires :
Grâce à l’article paru à Paris le 17 avril 2019, par la collaboration de la Ministre, de la CPU (Conférence des Présidents Universitaires) , la Conférence des grandes écoles, ainsi que de la CDEFI (Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs), vous pouvez faire valoir votre droit de vous inscrire sous votre prénom d’usage et avec vos pronoms.
Voici une liste non exhaustive de documents qui peuvent mentionner le prénom d’usage ainsi que les pronoms :
– Carte d’étudiante
– Carte de bibliothèque
Pour les élections :
– Liste électorale, liste d’émargement, liste de candidats
– Affichage des résultats d’examens
– Listes d’inscrits, d’appels et d’émargement (séminaires, épreuves d’examens, etc.)
– Adresse de messagerie étudiante
Source : Recommandations pour favoriser l’inclusion des personnes transgenres dans la vie étudiante et dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche. (2019). CONFERENCE DES GRANDES ECOLES. https://www.enseignementsuprecherche.gouv.fr/sites/default/files/2021-11/lettre-de-fr-d-rique-vidal-aux-pr-sidents-duniversit-s-directeurs-et-chefs-d-tablissements-d-enseignement-sup-rieur-14944.pdf
Messages à la communauté transgenre :
Les personnes transgenres binaires et non-binaires doivent se respecter mutuellement.
Pour cela, il faut demander systématiquement les pronoms de la personne avec qui vous avez un ou plusieurs échanges verbaux. Le physique ne peut déterminer le genre d’une personne. Ainsi, il n’est pas acceptable d’attribuer des pronoms à une personne sans les connaître et sans son consentement.
Message pour la société :
Nous vous remercions pour le soutien grandissant apporté à notre communauté. Nous souhaitons que vous continuiez de mettre en avant l’identité des personnes transgenres binaires et non-binaires, que ce soit dans le domaine de l’animation, du cinéma, de séries ou de court-métrage.
Pour améliorer les conditions de vie des personnes transgenres, évitez d’attribuer systématiquement un genre aux personnes lorsque vous voulez être courtois avec des formules de politesse.
Dans le monde du commerce, nous insistons pour que les employeurs et les employés accueillent les clients à l’aide de formules polies telles que :
- Bonjour Madame/Monsieur.
- Que puis-je faire pour vous Madame/Monsieur ?
- Madame/Monsieur vous désirez ?
- Au revoir Madame/Monsieur.
Message pour le gouvernement :
- Suggérer le genre de la non-binarité pour les documents officiels tels que le passeport et la carte d’identité.
- Inclure les personnes transgenres non-binaires dans la prise en charge et le remboursement par la sécurité sociale pour toute transition nécessitant une ou plusieurs interventions chirurgicales. Le décret du 8 février 2010 mentionne la prise en charge à 100 % des soins sous le titre de « troubles de l’identité de genre. » Les personnes transgenres non-binaires sont aussi concernées.
Le ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse, Mr Pap Ndiaye assure que la lutte contre le harcèlement scolaire est « une priorité du gouvernement”. En France, 10 % des élèves (soit environ 700 000 élèves) sont victimes de harcèlement.
Le taux de suicide en hausse depuis des années prouve une fois de trop l’absence de moyens humains et financiers pour lutter réellement contre le harcèlement scolaire, l’homophobie et la transphobie. À la suite de l’affaire du petit Lucas, de nombreuses personnes LGBTQIA+ ont partagé leur émotion sur les réseaux sociaux en témoignant de l’homophobie dont ils ont été victimes, parfois dès l’école primaire.
En vertu de la LOI N° 2022-299 du 2 mars 2022 visant à combattre contre le harcèlement scolaire ; de la prévention des faits de harcèlement scolaire et de la prise en charge des victimes, l’Art. L. 111-6 cite “Aucun élève ou étudiant ne doit subir de faits de harcèlement résultant de propos ou comportements, commis au sein de l’établissement d’enseignement ou en marge de la vie scolaire ou universitaire et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de dégrader ses conditions d’apprentissage. Ces faits peuvent être constitutifs du délit de harcèlement scolaire prévu à l’article 222-33-2-3 du code pénal.
Les établissements d’enseignement scolaire et supérieur publics et privés ainsi que le réseau des œuvres universitaires prennent les mesures appropriées visant à lutter contre le harcèlement dans le cadre scolaire et universitaire. Ces mesures visent notamment à prévenir l’apparition de situations de harcèlement, à favoriser leur détection par la communauté éducative afin d’y apporter une réponse rapide et coordonnée et à orienter les victimes, les témoins et les auteurs, le cas échéant, vers les services appropriés et les associations susceptibles de leur proposer un accompagnement. Une information sur les risques liés au harcèlement scolaire, notamment au cyberharcèlement, est délivrée chaque année aux élèves et aux parents d’élèves. »
Musique ayant accompagnée Karl lors de la révélation de sa non-binarité.
Pour conclure cet article, je laisse le mot de la fin à Karl Majani :
« Si mon témoignage a été en mesure de faire changer votre regard au sujet de la non-binarité, alors j’en suis ravi ! Je souhaite remercier Sophie Vitali de m’avoir laissé la parole. Je souhaite remercier également mon entourage et ma famille pour leurs soutiens, pour toujours croire en moi. Mais aussi, pour me reconnaître à ma juste valeur et pour m’aimer tel que je suis.
Grâce à vous tous et toutes je suis devenu la personne que je suis aujourd’hui. Néanmoins, je m’évertue à devenir une meilleure version de moi-même chaque jour à vos côtés. »
Laisser un commentaire