Croyez-vous aux fantômes ? 👻👻
La question est constamment posée ! Depuis les histoires à faire peur que l’on se raconte lors des veillées de colonies de vacances jusqu’aux récits médiatiques d’événements paranormaux qui mobilisent les foules.
Elle sert à diviser le monde en deux catégories : il y aurait d’un côté les crédules et de l’autre les sceptiques. Ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas !
Pourtant, lorsque l’on interroge les témoins de ces événements, les choses semblent toujours plus compliquées : ceux qui y croient ne cessent d’évoquer leurs doutes tandis que les incrédules se laissent parfois prendre…
Bref, la question de la croyance paraît très loin d’épuiser le sujet d’autant plus que les personnes impliquées parlent rarement de croire ou non aux fantômes. Ils évoquent bien plus souvent le fait de « ressentir » leur présence, ou encore d’en « avoir peur ».
La science s’est penchée sur la question ou plutôt, sur ce qui se passe dans le cerveau. La simple suggestion qu’un lieu est hanté augmente le nombre de vécus ressentis comme étranges. Et il existe un biais cognitif, l’apophénie, qui pousse à voir des coïncidences partout et peut mener à une mauvaise interprétation d’ombres ou de sons ambigus.
La fatigue extrême, la consommation de psychotropes, la haute altitude ou l’isolement social semblent aussi favoriser la perception de « fantômes ».
C’est particulièrement, à la jonction des lobes pariétaux (au sommet du crâne) et temporaux (au niveau des tempes) que ça se passe.
Car c’est dans cette région qui intègre les informations provenant de nos sens et contribue à la conscience de notre propre corps, qu’un chercheur de l’École Polytechnique de Lausanne a, pour la première fois en 2006, débusqué les fantômes.
En appliquant dans cette zone cérébrale de petits courants électriques, le scientifique a fait surgir chez une patiente qui souffrait d’épilepsie le sentiment qu’une autre personne était présente dans la pièce. L’expérience a été complétée en 2014 à l’aide d’un bras-robot qui, placé derrière des volontaires (sans aucune pathologie), mimait leurs gestes en leur touchant le dos.
Lorsque le robot reproduisait leurs mouvements avec un léger décalage temporel, les sujets avaient l’impression d’avoir été effleurés par… une tierce personne !
La sensation que « quelqu’un » est présent n‘implique donc pas que ce soit réel. Elle tient au fait que dès qu’il peine à organiser les informations qu’il reçoit, le cerveau fabrique une réalité, voire un être, fût-il invisible.
Autre facteur évoqué : un vécu difficile qui ressortirait ainsi de façon détournée… et l’environnement. Plusieurs expériences de terrain ont en effet révélé des « fantômes » d’origine aussi naturelle qu’inattendue.
- En 2000, le chercheur britannique Vic Tandy montrait notamment le rôle d’infrasons (inaudibles par l’homme) autour de la fréquence de 19 Hz dans le déclenchement de sensations « bizarres ».
- En 2003, Richard Wiseman, un autre Britannique, constatait pour sa part l’effet des fluctuations du champ magnétique.
- Et en 2015, l’Américain Shane Rogers a souligné la présence de champignons du genre Stachybotrys. Ceux-ci pouvant provoquer, au moins chez la souris, des inflammations cérébrales, mais aussi un sentiment de peur et d’anxiété dans les enceintes confinées que sont généralement les maisons « hantées ».
Notre « détecteur de présence » est, à l’évidence, étonnamment influençable.
Pour résumer, une certaine forme phénoménale et charnelle de l’esprit. C’est aussi en cela qu’il se différencie du simulacre.
« Image trompeuse, illusion, vision ou même fantasme », comme le désigne son origine étymologique phantasma. Le fantôme est une figure nébuleuse, éphémère, porteuse de nostalgie et potentiellement effrayante ou trompeuse.
On le retrouve dans nombre de cultures à travers l’espace et le temps où il joue souvent le rôle d’un révélateur social.
Une explication cérébrale est loin d’être cependant la seule explication, le sentiment d’être « hanté » cachant aussi d’autres ressorts.
Je vous propose d’en savoir plus dans mon livre Les portes de l’esprit.
Article rédigé par Olivier Bernard, auteur pour Infinità, le magazine de Sophie Vitali
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